2009-04-17 La Saga, RTL, Paris, France

From DM Live - the Depeche Mode live encyclopedia for the masses
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Notes

Georges Lang hosted the "La Saga" series, where each focused on the story of one act, and for this episode he focused on Depeche Mode. Dave Gahan can be heard talking in this special. The audio file and its transcript was put on RTL's site (on longer online).

  • Duration: 22:12 minutes

Audio

Transcript (French)

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Georges Lang: De tous les groupes électro-pop apparus au début des années 80, Depeche Mode est le seul à avoir survécu sans rien perdre de sa force et de son originalité. Dave Gahan, le chanteur, nous explique pourquoi ils ont choisi de baptiser leur nouvel album "SOUNDS OF THE UNIVERSE".

Dave Gahan: "Quand nous avons trouvé ce titre, nous avons aimé sa sonorité. Il a aussi quelque chose d'un peu prétentieux comme 'Music for the masses' et 'Black celebration'. Nous avons eu dans le passé plusieurs titres qui contenaient ce genre d'idée visuelle. Je crois que la musique de Depeche Mode évolue, qu'elle a un côté visuel et que cela transcende d'une certaine manière les modes musicales qui vont et qui viennent. La musique de Depeche Mode, je l'espère en tout cas, continue de progresser. Elle évolue, elle change un peu comme le monde où nous vivons."

Georges Lang: "Sounds of the universe" a été annoncé par le single "Wrong", un titre qui montre que les musiciens de Depeche Mode ont une nouvelle fois voulu élargir leur horizon musical, comme le confirme Dave Gahan.

Dave Gahan: "Je crois que l'on ressent assez facilement les influences R&B qu'il y a dans cette chanson. C'est surtout dans le rythme et la façon de chanter. Il y a une sorte de rupture permanente. A mon avis, ce titre n'a pas les sonorités typiques de Depeche Mode. Nous avons pensé que c'était un défi intéressant de le présenter en premier, comme une introduction à notre nouveau travail."

Georges Lang: Andy Fletcher, Martin Gore et Vince Clarke sont originaires de Basildon, une ville ouvrière de l’Essex, à l'est de Londres. Ils sont encore lycéens lorsqu’ils montent leur premier groupe. C'est un trio composé de deux guitares et d’un synthétiseur qui s’élargit avec l’arrivée du chanteur David Gahan. Ils s’appellent alors Composition of Sound. Mais leur nom définitif, ils vont le trouver en feuilletant un magazine français : Dépêche Mode. En même temps qu’ils adoptent ce nom, ils abandonnent les guitares, si bien que les trois instrumentistes jouent désormais du synthétiseur. C’est lors d’un concert où ils se produisent en première partie de Fad Gadget que Depeche Mode rencontrent Daniel Miller, le fondateur du label indépendant Mute Records. Daniel Miller vient de démarrer. Il a peu d’argent, mais une grande ouverture d'esprit et une confiance totale en ses nouveaux poulains. Depeche Mode entrent en studio et enregistrent deux titres. Le premier, "Photographic", paraît début 1981 sur la compilation "SOME BIZARRE", aux côtés des toutes premières expériences de Soft Cell, Blancmange, B-Movie et The The. Le second, “Dreaming of me", sort le 20 février sur Mute Records et atteint une modeste cinquante-septième place dans le hit-parade britannique. Après “New life”, qui se classe N°11 au cours de l'été, c'est “Just can’t get enough” qui paraît en septembre 81 et qui fait connaître le groupe à l'Europe entière. Le succès de "Just can't get enough" éveille l'intérêt des grandes compagnies de disques mais Depeche Mode choisissent de rester chez Mute, où ils sont d’ailleurs encore aujourd’hui. Pour Martin Gore, la question d’un changement de label ne se pose même pas, car Mute constitue la structure idéale où ils peuvent s’exprimer sans aucune contrainte.

Dave Gahan: "J'ai toujours pensé que nous avions eu beaucoup de chance parce que, si nous avons choisi Daniel Miller et Mute, c'est uniquement par instinct. Il avait une excellente réputation, nous avions confiance en lui, les choses se présentaient plutôt bien, et voilà. Au départ, notre accord ne concernait qu'un single. Et puis ça a très bien marché et nous nous sommes vraiment mis à apprécier Daniel et l'incroyable liberté qu'il nous laissait. Il n'a jamais exercé la moindre pression sur nous. Jamais."

Georges Lang: Le premier album de Depeche Mode, “SPEAK AND SPELL”, paraît en octobre 1981. En même temps qu’O.M.D. et Human League, ils viennent de poser les bases d’un nouveau genre musical : l’électro-pop. A deux exceptions près, tous les titres de “Speak and spell” sont signés Vince Clarke. C'est donc un coup dur lorsque, deux mois plus tard, Vince décide de s'en aller pour former Yazoo. Beaucoup pensent alors que Depeche Mode ne s'en relèvera pas. Ils ont tort, car c’est apparemment sans problème que Martin Gore prend la succession de Vince Clarke. Gore n’a ni la technique ni l’expérience de Vince Clarke, mais il a beaucoup de talent. “See you”, le premier single qui porte sa signature, se classe N°6 en janvier 82. Depeche Mode passe trois mois en studio pour enregistrer son deuxième album, “A BROKEN FRAME”, qui paraît finalement en septembre 82. Entre-temps, le groupe s’est renforcé avec l’ancien clavier des Hitmen, Alan Wilder. Alan a été embauché par le biais d’une petite annonce rédigée ainsi : “Groupe connu cherche clavier de moins de vingt et un ans.” “J’en avais vingt-deux”, avouera le nouveau venu. ”J’ai menti.” Alan Wilder fait ses débuts sur "Get the balance right", en janvier 83. Son influence discrète pousse Depeche Mode vers de nouvelles expériences musicales, plus radicales, mais toujours au service de véritables chansons. Enregistré à Londres, mixé à Berlin où Martin Gore vient de s’installer, l'album “CONSTRUCTION TIME AGAIN” confirme l’évolution de Depeche Mode, qui se défait de son image superficielle de groupe à teenagers pour gagner en crédibilité. C'est ce que confirme le single “People are people”. A l'époque, c'est leur plus gros succès, avec une quatrième place en Angleterre, mais aussi une treizième place aux Etats-Unis. Andy Fletcher.

Dave Gahan: "Les Etats-Unis, ce fut un choc et une surprise. Nous avions déjà fait deux petites tournées là-bas et la deuxième avait été catastrophique. Dave avait dû se faire enlever un tatouage qui s'était infecté et il avait donné tous les concerts avec un bras en écharpe, ce que le public n'avait pas apprécié. D'autant que nos synthés tombaient constamment en panne. Nous étions revenus en Europe en nous disant que décidément, l'Amérique n'accepterait jamais notre musique. A l'époque, le rock à base de guitare semblait indéboulonnable. En conséquence, on avait laissé tomber les Etats-Unis. Et puis quatre ans plus tard, on relance une petite tournée là-bas et tous les billets se vendent en quelques heures. Sur ce, on décroche un tube énorme et depuis, c'est le délire. Mais ne me demande pas comment c'est arrivé parce que une chose est certaine : nous n'avons jamais rien fait pour gagner les faveurs du public américain."

Georges Lang: On retrouve le titre “People are people” sur l’album “SOME GREAT REWARD” en septembre 1984. De peur de ne plus être à la mode, les autres groupes-vedettes de la vague électro-pop, comme Human League et OMD, ont paniqué et se sont reniés pour revenir à une instrumentation plus traditionnelle. A l’heure du choix, Depeche Mode persistent et signent. Avec courage, avec intelligence et aussi avec beaucoup de discernement, ils décident de rester fidèles aux synthétiseurs. Parue en octobre 85, la compilation “THE SINGLES 81-85” regroupe quinze titres qui retracent parfaitement l’évolution du groupe depuis ses débuts. La compilation des premiers singles de Depeche Mode est suivie de l’album “BLACK CELEBRATION” qui entre directement à la quatrième place des charts en Grande-Bretagne. En France, il est double disque d’or. Le clip du single “A question of time” marque les débuts d’une longue collaboration entre le groupe et le photographe hollandais Anton Corbijn, qui sera désormais “l’œil” de Depeche Mode. C'est lui qui est le responsable de tout ce qui concerne l’image du groupe, que ce soit les pochettes de disques, les affiches, le logo ou les vidéos. Depeche Mode s’installent alors à Paris pour préparer leur prochain album. Ils en sont les co-producteurs, associés à Dave Bascombe que l’on connaît pour son travail avec Peter Gabriel ou Tears For Fears. Pour la première fois, Daniel Miller n’intervient pas directement. Pour la première fois aussi, une guitare fait son apparition entre les mains de Martin Gore. Terminé à Londres et mixé au Danemark, “MUSIC FOR THE MASSES” sort en septembre 87. Grâce à ce disque, Depeche Mode fait une première incursion dans le Top 40 américain des albums, où il grimpe jusqu'à la trente-cinquième place. En Europe, tous les concerts de la tournée "Music for the masses" se donnent à guichets fermés. C'est la même chose aux Etats-Unis où le groupe débute en décembre 87 par deux soirées au “Forum” de Los Angeles. Toutes les places sont vendues en moins de cinq heures. Le dernier concert, le cent unième depuis le début de cette tournée mondiale, a lieu aux Etats-Unis le 18 juin 1988 devant soixante-dix-huit mille spectateurs réunis au Rose Bowl de Pasadena. C’est ce show qui a été enregistré et qui constitue le double album “live” qui paraît en mars 1989. Il s’appelle “101”, mais il aurait dû porter un autre titre, “Mass”, par référence à l’album précédent, mais aussi pour traduire le côté “grand messe”, l’aspect religieux de chaque concert qu’évoque le chanteur Dave Gahan.

Dave Gahan: "Dans un concert de cette importance, il se dégage quelque chose de très religieux. C’est un courant qui va des fans vers le groupe mais qui est aussi réciproque. Pour ma part, je ressens un afflux d’énergie massif à voir tous ces gens imiter mes gestes et chanter avec moi. C’est comme une grand-messe. Je n’irais pas jusqu’à dire que c’est de l’adoration, mais il y a là un incroyable dégagement d’énergie que nous ne sommes pas en mesure de comprendre, mais qui explique pourquoi les gens reviennent à nos concerts."

Georges Lang: Après la tournée "Music for the masses", les musiciens de Depeche Mode prennent le temps de changer d'air. En juin 89, Martin Gore publie "COUNTERFEIT E.P.", un mini-album de reprises qu'il considère comme une récréation. Avant lui, Alan Wilder s'était déjà lancé dans une carrière parallèle. Sous le nom de Recoil, il avait produit "ONE + TWO" en 1986, puis "HYDROLOGY" deux ans plus tard. Cette parenthèse refermée, le groupe revient avec le single "Personal Jesus" en septembre 89. C'est le premier titre de Depeche Mode où la guitare joue un rôle important. C'est aussi leur premier disque d'or aux Etats-Unis. Ce succès, ni Andy Fletcher, ni les autres membres du groupe ne l'avaient pressenti.

Dave Gahan: "En tant que groupe, nous sommes d'incorrigibles pessimistes, toujours à penser que notre nouveau disque ne marchera pas, qu'il ne sera pas classé dans les charts, que les radios ne le passeront pas, enfin que tout le monde va le détester. 'Personal Jesus' n'a pas fait exception. Nous trouvions que c'était une très bonne chanson et nous l'avons enregistrée, puis François Kevorkian l'a remixée avec nous à Milan. Le résultat était parfait et nous avons publié le single dans la foulée. 'Violator' n'était même pas terminé, c'était près de six mois avant sa sortie. Comme d'habitude, nous étions persuadé que 'Personal Jesus' ne se vendrait pas et ça s'est révélé être la plus grosse vente de maxis de l'histoire de Warner."

Georges Lang: Pour Depeche Mode, les années 80 viennent de se refermer sur un succès inattendu, celui de "Personal Jesus", qui les a rapprochés encore un peu plus du marché américain. En mars 1990, lorsque paraît “VIOLATOR”, le groupe a le sentiment de tenir un bon album. En tout cas, Dave Gahan y croit très fort.

Dave Gahan: "Je pense que 'Violator' est certainement l’un des premiers albums où nous avons fait l’effort maximum de travailler tous ensemble les chansons que Martin avait écrites. Ce fut réellement le travail d’une équipe dans le studio. Pour la première fois sur l'un de nos albums, toutes les chansons sont excellentes. Et chacune a une ambiance différente. J’ai écouté l’album des centaines de fois, plus que tous nos autres disques pour être tout à fait honnête, et je suis personnellement très emballé."

Georges Lang: La suite donne raison à Dave Gahan, puisque “Violator” se classe N°2 en Angleterre, N°7 aux Etats-Unis, et N°1 en France, en Belgique et en Allemagne. Avec l'album "Violator", Depeche Mode négocie habilement le virage qui ouvre sur les années 90 et donne à la techno-pop l'âme dont elle manquait encore. Cette réussite, Martin Gore l’attribue plus à la chance qu’à une démarche calculée.

Dave Gahan: "Si je jette un coup d’oeil sur notre carrière, je crois que c’est essentiellement par chance que nous sommes encore là. Ça m’est apparu l’autre jour en écoutant quelques-uns de nos vieux compacts, ce que je n’avais pas fait depuis des années. C’est essentiellement de la chance, car nous étions des naïfs complets qui n’avaient aucune idée de ce qu’ils faisaient."

Georges Lang: Extrait de "Violator", le single “Enjoy the silence” est le plus gros succès de Depeche Mode. Il se vend à un million d’exemplaires rien qu’aux Etats-Unis, une performance plutôt rare pour un single. En Grande-Bretagne, "Enjoy the silence" est élue "chanson de l’année" par les auditeurs de la BBC. Après le “World Violation Tour”, Depeche Mode passent la majeure partie de l'année 92 en studio, à Madrid et à Hambourg. Ils préparent les dix chansons de l'album qui doit succéder à “Violator”, qui s'est vendu à plus de sept millions d'exemplaires. L'enjeu est d'importance et l’enregistrement s’étale sur huit mois. Un premier single, “I feel you”, paraît en février 93, suivi par l’album “SONGS OF FAITH AND DEVOTION”. Depuis ses débuts, Depeche Mode n’a pas cessé d’évoluer et de progresser, et c’est encore le cas cette fois-ci. Sans renier son caractère synthétique, la musique s’est étoffée avec la présence d’instruments traditionnels comme la batterie, les cordes, la flûte irlandaise et de plus en plus de guitare. Comme l'explique Dave Gahan, ce choix de production ne doit rien au hasard.

Dave Gahan: "Non, tout ceci était voulu, c'était prémédité. A l'époque chacun vivait de son côté. Lorsque nous nous sommes retrouvés pour enregistrer 'Songs of faith and devotion', nous avions tous en tête de remettre Depeche Mode en question, de faire évoluer le concept. Pour sa part, Martin est arrivé avec des chansons à consonances rock et blues, ce qui était nouveau, comme le riff de guitare de 'I feel you' par exemple. Quant à moi, je vivais à Los Angeles et là-bas, il y avait un groupe que j'écoutais beaucoup, que j'aimais particulièrement, c'était Jane's Addiction. J'avais eu l'occasion d'assister à plusieurs de leurs concerts et je n'avais pas vu autant d'énergie depuis, je dirais, les Clash. C'était génial. Et c'est cette énergie que je voulais apporter à Depeche Mode, je voulais durcir le son du groupe. Et c'est ce qu'on a fait."

Georges Lang: Si Depeche Mode fonctionne si bien, c’est que chacun a su trouver sa place dans le groupe et respecte le territoire de son voisin. Martin Gore est le compositeur, Dave Gahan le chanteur, Alan Wilder le technicien, et Andy Fletcher s’occupe des finances. Au-delà, il y a l’amitié qui lie les quatre hommes, une amitié sans laquelle rien ne serait vraiment possible, comme le rappelle Dave Gahan.

Dave Gahan: "Je crois qu’il existe entre nous une amitié très, très forte. Il faut un amour très profond entre les membres du groupe, car nous passons beaucoup de temps ensemble et nous devons être capables de nous accorder. Chacun connaît bien les réactions de l’autre, chacun sait voir celui qui en a marre ou celui dont l’humeur est telle qu’il est facile de deviner qu’on n'en tirera rien ce jour-là."

Georges Lang: L'amitié qui unit les quatre musiciens de Depeche Mode est durement mise à l’épreuve lors du “Devotional tour”, qui donnera l'album "SONGS OF FAITH AND DEVOTION LIVE". Ils sortent physiquement et mentalement épuisés de cette gigantesque tournée de cent cinquante-six concerts qui s'est étalée sur quatorze mois. Dave Gahan plonge dans l’héroïne et Martin Gore songe à dissoudre le groupe. Quant à Alan Wilder, il quitte Depeche Mode après treize ans de bons et loyaux services. En 1995, Martin Gore met en chantier un nouvel album de Depeche Mode, avec l’aide de Tim Simenon à la production. Pendant ce temps, les frasques de Dave Gahan continuent d’alimenter la rubrique faits divers des journaux : une tentative de suicide, un divorce douloureux, plusieurs cures de désintoxication, une arrestation pour possession de stupéfiants assortie d’une peine de prison, et au bout du compte, une overdose de cocaïne et d’héroïne qui le plonge dans le coma en mai 96. A l’automne 96, désintoxiqué, ressuscité, Dave Gahan est enfin prêt à enregistrer sa voix sur les musiques de Martin Gore. Depeche Mode peut continuer et cela donne l'album "ULTRA" en avril 97. A l'automne 1998, Depeche Mode propose le double CD "THE SINGLES 86-98". Ce deuxième "best of" propose vingt titres qui ont tous connu les honneurs du hit-parade. Quant au vingt et unième, l'inédit "Only when I lose myself", il ne va pas tarder à suivre le même chemin. Dave Gahan revient sur la genèse de l'album et sur la tournée qui l'accompagne.

Dave Gahan: "En fait, nous traînions cette idée de compilation depuis pas mal de temps, depuis que nous avions choisi de ne pas tourner après la sortie de l'album 'Ultra', ce qui était je crois une décision raisonnable. Lorsque nous avons décidé de reprendre la route et parce que nous n'avions pas tourné depuis cinq ans, il nous a semblé opportun de sortir ce 'Best of'. Pour le rendre plus attrayant, nous avons enregistré plusieurs nouveaux morceaux, mais très peu afin de garder toute notre énergie pour la scène. Notre show couvrira essentiellement les dix dernières années, c'est-à-dire le contenu de nos trois derniers albums, auquel s'ajouteront quelques titres plus anciens."

Georges Lang: Peu d'artistes peuvent prétendre prendre un nouveau départ après vingt ans de carrière. C'est pourtant ce que font les trois musiciens de Depeche Mode en mai 2001 avec l'album "EXCITER". C'est un disque simple et lumineux, qui respire la bonne santé, un disque optimiste, même si les thèmes abordés dans les chansons ne le sont pas toujours. "Exciter", qui donne un nouveau coup de fouet à la carrière de Depeche Mode, a été produit par Mark Bell. Dave Gahan nous en parle.

Dave Gahan: "On nous a proposé de travailler avec Mark Bell. J'avais beaucoup aimé ce qu'il avait fait sur les deux derniers albums de Björk. Son choix délibéré de souligner les émotions sans trop se préoccuper de la technique. Travailler avec quelqu'un de nouveau, c'est un pari. C'est un défi envers soi-même, pour éviter de tomber dans la routine. Bien sûr, on peut utiliser le passé pour y trouver des influences ou des idées. Mais je pense que d'une manière ou d'une autre, il faut rester en contact étroit avec le présent. C'est une forme d'honnêteté que nous essayons de privilégier".

Georges Lang: En 2003, Martin Gore publie un nouvel album de reprises, "COUNTERFEIT 2", alors que Dave Gahan propose son premier album solo, "PAPER MONSTERS". L'enregistrement du nouveau Depeche Mode se déroule à Santa Barbara, New York et Londres, non loin des domiciles respectifs de Martin Gore, Dave Gahan et Andy Fletcher. Le résultat, "PLAYING THE ANGEL", paraît en octobre 2005. La nouveauté sur cet album, c'est que Dave Gahan a signé trois titres. C'est l'aboutissement d'une envie qui le tenaillait depuis déjà quelque temps.

Dave Gahan: "Après la tournée 'Exciter', j'ai ressenti le besoin de m'éloigner un peu de Depeche Mode et de prendre des risques de mon côté. Et je crois que ça m'a donné beaucoup d'enthousiasme pour retrouver Depeche Mode avec mes propres idées, mes propres maquettes. Je me suis dit que c'est ce que je devais faire et je l'ai proposé aux autres. Ce n'est pas venu après de longues discussions, ça s'est imposé à moi pour savoir si j'allais continuer avec Depeche Mode ou pas."

Georges Lang: "Playing the angel" a été produit par Ben Hillier, que l'on connaît grâce à son travail pour Blur et Tom McRae notamment. Dave Gahan.

Dave Gahan: "Ce que Ben Hillier a fait pour nous, c'est qu'il a réussi à nous donner l'énergie dont on avait besoin quand on enregistrait 'Playing the angel'. Ben est très directif en studio. Il sait ce qu'il aime, ce qu'il n'aime pas. Il a une façon de montrer qu'il sait ce qu'il fait. C'est un bon patron et il aime la discipline dans le travail. Il travaille dur et te fait travailler dur. Il faut que ce soit comme ça. On ne peut pas rester à lire le journal en attendant que l'album se fasse. Il faut mettre toutes ses forces, tout son cœur dans le processus de création."

Georges Lang: Le CD/DVD "TOURING THE ANGEL: LIVE IN MILAN" sort en septembre 2006. Deux mois plus tard, Depeche Mode publie "THE BEST OF, VOLUME 1", une compilation qui regroupe dix-huit titres, dont un inédit. En décembre 2006, iTunes propose "THE COMPLETE DEPECHE MODE", son quatrième coffret digital, après ceux consacrés à U2, Stevie Wonder et Bob Dylan. En octobre 2007, alors que paraît son deuxième album solo, "HOURGLASS", Dave Gahan annonce le retour de Depeche Mode en studio. Le résultat s'appelle "SOUNDS OF THE UNIVERSE". C'est le douzième album studio du groupe qui a fait les mêmes choix de production que pour l'album précédent, toujours sous la direction de Ben Hillier.

Dave Gahan: "Nous avons utilisé beaucoup de matériel analogique pour ce disque, du vieux matériel. Du matériel que nous utilisions au début des années 80 et qui était flambant neuf à l'époque ! Ce n'est plus le cas aujourd'hui et certains de ces matériels sont très recherchés. Martin a beaucoup aimé en acheter sur E-Bay. Chaque jour, on recevait quelque chose de nouveau, une boîte à rythmes ou un synthétiseur. On les déballait, on regardait si ça marchait, quels sons ça donnait. C'était amusant d'expérimenter des sons dans le studio. Je crois qu'une des grandes forces de la musique de Depeche Mode, c'est que nous sommes capables de travailler dans la tradition pour créer des chansons pop."

Georges Lang: Depeche Mode s'apprête à reprendre la route pour la tournée "Touring the Universe" qui débutera officiellement le 10 mai à Tel Aviv, en Israël. Dave Gahan nous explique les raisons de ce choix.

Dave Gahan: "Nous devions terminer la tournée 'Playing the angel' en Israël, à Tel Aviv, mais ça a été annulé à cause de la guerre avec le Liban. Il aurait été irrespondable de jouer devant une telle foule en plein air. Si un malheur était arrivé, on l'aurait eu sur la conscience jusqu'à la fin de nos jours. A notre grand regret, nous avions donc décidé d'annuler le concert. Mais nous avions dit que si nous faisions une nouvelle tournée, c'est là que nous commencerions."

Georges Lang: En dernière minute, Depeche Mode a décidé d'ajouter un show préparatoire qui aura lieu le 6 mai à Luxembourg. Le 20 juin, le groupe participera au Festival de Werchter, en Belgique, avant de donner trois concerts en France : le 27 juin à Paris, au Stade de France ; le 28 juin à Nancy et le 6 juillet à Carcassonne.